La presse relaie unanimement les inquiétudes croissantes de la mise en oeuvre de l’application STOP-COVID alors même que l’épidémie arrive au stade de baisse dans la majeure partie des régions françaises. La CNIL a donné son accord mardi dernier considérant que l’application respecte les différentes dispositions législatives relatives à la protection de la vie privée, à savoir : anonymat et volontariat des utilisateurs. Le gouvernement quant à lui réitère sa volonté de casser les chaînes de contamination, dans les transports en commun ou dans une file d’attente. Donc le week end prochain, l’application pourra être téléchargée par les volontaires.
Et pourtant, de nombreuses questions demeurent sans réponse. Tout d’abord, en ce qui concerne son utilité à ce stade de diminution de la pandémie. D’autre part « les Français n’ont pas tous un smartphone. Or les Français les plus fragiles sont les plus âgés et a priori les moins bien dotés », fait remarquer Maître Sophie Ferry-Bouillon, membre de la commission libertés et droits de l’Homme au conseil national des barreaux. Elle doute donc sérieusement de l’efficacité de l’application et de sa capacité à être adoptée par une majorité de Français, d’autant que « les gens ont besoin d’être informés ». Ce n’est pas suffisamment le cas. En effet, quid du stockage des données, de la durée de leur conservation et de leur exploitation ? Qu’est-ce qui prouve l’efficacité de l’application en l’état actuel ? Pourquoi la mise en oeuvre de l’application n’est-elle pas accompagnée d’une date de limite d’utilisation dans le temps alors qu’elle est présentée comme une mesure exceptionnelle ? Le gouvernement n’a pas donné de réponses satisfaisantes à ces questions fondamentales.
Le Conseil national des barreaux, le syndicat de la magistrature, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), la Ligue des droits de l’Homme, de nombreux avocats ont tous émis de sérieuses réserves et posent une question fondamentale au sein d’une démocratie : La mise en place de cette application contestée, qui ne fait pas la preuve de son utilité et ne donne pas suffisamment de garantie du respect de la vie privée, n’est-elle pas le moyen technologique permettant de nous habituer à vivre dans une société de la surveillance au nom du bien commun, la santé de tous, et qui pourra ensuite être utilisées pour d’autres finalités ?
Alors que la population est encore sous le choc du confinement et de ses conséquences dramatiques sur le plan social et économique, il est du rôle de nos institutions garantes des droits de l’Homme et de la sauvegarde de nos libertés, notamment le droit à la vie privée de nous d’alarmer, de souligner les dérives potentielles, de réclamer une information des citoyens claire et précise afin qu’ils puissent faire leur choix en toute connaissance de cause et non pas sous l’emprise de la peur. Maître Sophie Ferry-Bouillon est fermement engagée dans la défenses de nos droits à une vie privée.
Les médias en parlent:
- Le Nouvelobs : StopCovid: à quelques jours du lancement, l’inquiétude sur les libertés reste vive
- La Croix : StopCovid: à quelques jours du lancement, l’inquiétude sur les libertés reste vive
- France 24 : StopCovid: à quelques jours du lancement, l’inquiétude sur les libertés reste vive
- Le Point Politique : StopCovid: à quelques jours du lancement, l’inquiétude sur les libertés reste vive
Sophie Ferry
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